FRANK GERNO ARCHITECTE

2014 habitation-serre Cr, ceci n’est pas une image

Construction d’une habitation-serre à La Croix-Comtesse (17), 2014-2016.

Au sein de IP architectes (sarl 2007-2016), avec M. Jaeger.

Aucun commentaire sur la forme et les modalités pratiques, contractuelles, de cette « opération ». Cette réalisation spécifique a beaucoup fait parler, écrire, rêver, depuis sa construction et ses nombreuses publications papier et www (merci à Olivier Darmon, éditions Ouest-France; et aux autres revues « écologiques », « ambiance déco »). Aucun commentaire? Si ce n’est une 1ère mise au point « théorique », de fond,  datant de 2011 :

« Constructions bioclimatiques? Architecture écologique?

L’architecture bioclimatique est une redondance. Toute architecture est faite avec le climat. Les habitations devraient toutes accueillir l’automne, l’hiver, le printemps… La maison bioclimatique est aussi bien passive qu’active. Passive du point de vue du compteur. Active du point de vue des ambiances et des espaces-paysages.

La connaissance de l’effet de serre devrait devenir un trait culturel.
Une serre horticole automatisée procure en journée un climat tempéré, elle est particulièrement efficace par soleil d’hiver. Le volume est grand, haut, et peut accueillir des sous-volumes (tentes, caravanes, cabanes, constructions, autant de poupées russes que possible), tout l’espace entre l’enveloppe de la serre et ces sous-volumes sont des espaces d’habitation potentiels. Cave et grenier disposés dans un jardin intérieur. La serre horticole est un bâtiment consommant peu d’énergie, garantie sans étanchéité à l’air et avec ponts thermiques. La serre offre un paysage, des saisons, de la lumière, des éléments. C’est une habitation, il tient à peu de choses d’en faire un logement. »

Mise au point révisée par la base économique-matérielle depuis 2018, et les 120 discussions téléphoniques avec les rêveurs de jolies verrières et de jardin d’hiver que la serre véhicule :

La maison-serre horticole, en charpente métallique et produits verriers appliqués au logement individuel est une aberration! Les industriels en profitent pour créer de nouveaux segments de marché, les assureurs fixent de nouvelles normes qui tuent l’expérience. L’expérience n’est pas généralisable, et ce n’est pas souhaitable.

Il faut bricoler tel des paysans ou des vacanciers désargentés, avec les moyens du bords, qui ne sont pas esthétisants, et des matériaux dits «pauvres», bêtes charpentes en bois, bêtes polycarbonates, bêtes tissus tendus; et aussi : abandonner la maison individuelle neuve, et rejoindre : le collectif, le mitoyen, le partagé, le mutualisé, toute forme de communauté qui expérimente…

Ce n’est pas le coup d’œil sur le ciel et la nature qui est en jeu (pur agrément visuel hypnotique) mais la façon de vivre, par exemple : l’acceptation d’espaces chauffés et d’espaces non-chauffés; l’habitable et le non-habitable; l’acceptable et le contraignant. Le problème principal est ce qu’on nomme le « confort ». Quel confort? quel plaisir? quelle facilité immédiate, directe telle la cabane? Si vous ne comprenez pas ça c’est que vous êtes amoureux d’une image sans les « conséquences » de l’image.

Merci aux expérimentateurs-pédagogues sur le sujet depuis les années 1990 : A. Lacaton & J.-P. Vassal architectes.